PROBLÉMATIQUE

Les services d'urgences algériens sont submergés par un afflux massif et incontrôlé de patients, ils reçoivent quotidiennement 60 à 70% de cas relevant du premier niveau de soins. Ces cas, qui auraient dû être traités dans les structures de proximité, affluent directement vers les hôpitaux et CHU, créant un engorgement chronique qui paralyse progressivement l'ensemble du système. Cette défaillance n'est pas accidentelle : elle révèle une faille systémique où les niveaux hiérarchisés du système de santé ne remplissent pas leur fonction de filtrage. Un cercle vicieux s'est installé : les EPSP insuffisamment équipés peinent à offrir une prise en charge de qualité, la population perd confiance et contourne ces structures de proximité pour se diriger directement vers les hôpitaux. Cette concentration génère une surcharge incontrôlable aux urgences hospitalières, entraînant des temps d'attente démesurés et surtout, un allongement dangereux des délais de prise en charge des vraies urgences vitales.

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Derrière ces délais et cette surcharge se cache une réalité humaine alarmante : l'épuisement professionnel massif des équipes soignantes. Confrontées quotidiennement à un stress chronique, une charge de travail démesurée, une exposition constante aux risques biologiques et aux accidents d'exposition au sang, ainsi qu'à des chocs émotionnels répétés, ces équipes s'usent progressivement. Cette souffrance au travail compromet directement la qualité et la sécurité des soins : erreurs médicales favorisées par la surcharge, défauts de surveillance, dégradation de la relation soignant-soigné.

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Face à ce constat préoccupant, et en cohérence avec le Plan d'Action Malade (PAM) du ministère qui inscrit l'amélioration de l'organisation des urgences parmi ses axes prioritaires, le renforcement des urgences de premier niveau s'affirme comme un impératif stratégique. Bien au-delà d'une simple mesure de désengorgement, il constitue une pierre angulaire d'une transformation systémique de l'ensemble du dispositif des urgences.

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En effet, restaurer un premier niveau fonctionnel et crédible permettrait de rétablir la hiérarchisation des soins, de filtrer efficacement les flux de patients, et ainsi de libérer les urgences hospitalières pour qu'elles puissent se concentrer sur leur mission première : la prise en charge des urgences vitales. Cette restructuration ne peut se concevoir de manière isolée : elle doit être globale, cohérente et couvrir les trois niveaux hiérarchisés du système de santé. C'est à cette condition que l'on pourra briser le cercle vicieux actuel, améliorer l'accessibilité aux soins pour tous les citoyens, rapprocher les services de santé de la population et optimiser durablement les ressources du système de santé national.

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L'optimisation des urgences n'est pas un choix binaire entre qualité des soins OU santé des soignants. C'est une fausse dichotomie. En réalité, protéger la santé des soignants EST une condition nécessaire pour assurer la qualité des soins. Un soignant épuisé, sous pression constante et en détresse psychologique ne peut délivrer des soins sûrs et de qualité. À l'inverse, une organisation dysfonctionnelle où tous les patients s'accumulent sans distinction génère un stress inutile et contre-productif. Une organisation rationnelle et efficace permet de réduire simultanément la pression sur les équipes, d'accroître leur satisfaction professionnelle, d'améliorer la qualité des prises en charge et de renforcer la sécurité des patients.

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C'est dans cette perspective de transformation organisationnelle profonde, qui doit désormais guider la gestion et le fonctionnement des services d'urgences médico-chirurgicales, que s'inscrivent ces journées scientifiques médico-administratives. Notre ambition est double : mettre en lumière les défis structurels auxquels ces services sont confrontés, et démontrer qu'une approche véritablement collaborative – mobilisant l'ensemble des acteurs (managers, cadres de santé et soignants) et fondée sur la confiance mutuelle et le dialogue constructif – constitue la seule voie viable vers une amélioration durable.

Pour répondre à cette question :

Comment construire une approche authentiquement collaborative dans l'organisation des urgences médico-chirurgicales, capable à la fois de préserver la santé des professionnels, d’améliorer la sécurité des soins, et de renforcer la qualité globale des services d'urgence aux trois niveaux du système de santé ?